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La prise en charge des maladies non transmissibles connaît un tournant décisif au Sénégal. Le programme Healthy Heart Africa (HHA), mis en œuvre par la firme pharmaceutique AstraZeneca, en partenariat avec le ministère de la Santé et l’ONG PATH, a officiellement élargi son champ d’action pour intégrer la prévention et la prise en charge des maladies rénales. Le lancement de cette deuxième phase est intervenu le jeudi 18 décembre 2025, au foyer des jeunes de Wakhinane, dans le département de Guédiawaye, choisi comme district pilote.

Au cœur de cette extension, une approche centrée sur le patient, le dépistage précoce et la réduction des coûts exorbitants liés à la prise en charge tardive des maladies rénales. Objectif affiché sur les deux prochaines années : faire de Guédiawaye le champion national d’un programme déjà déployé dans une dizaine de pays africains.

Jusqu’ici focalisé sur l’hypertension artérielle, le programme HHA franchit un cap important en s’attaquant désormais aux maladies rénales, qui touchent 4,3 % de la population sénégalaise. Une extension d’autant plus opportune que les maladies non transmissibles (MNT) prennent une ampleur inquiétante dans le pays. Selon les données disponibles, 24,5 % des adultes souffrent d’hypertension artérielle, tandis que le diabète concerne 4,2 % de la population.

Présent lors du lancement, Cheikh Niang, spécialiste en santé publique et manager du projet HHA au sein de l’ONG PATH, a rappelé que le programme est déployé depuis 2021 dans plusieurs pays africains, chaque fois autour d’un district sanitaire pilote.

« Au Sénégal, le choix s’est porté sur Guédiawaye. Cette deuxième phase marque une nouvelle étape : en plus de l’hypertension, nous intégrons désormais la prévention et la prise en charge des maladies rénales », a-t-il expliqué devant les autorités administratives et sanitaires.

Pour le spécialiste, l’urgence est réelle. « Les maladies rénales font des ravages en silence dans les familles et les communautés », alerte-t-il, s’appuyant sur des enquêtes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) selon lesquelles 40 % des décès sont liés aux maladies non transmissibles. Au Sénégal, la situation est encore plus préoccupante : 60 à 70 % des patients décèdent des MNT, principalement l’hypertension, le diabète et les maladies rénales.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Un adulte sur trois est susceptible d’être hypertendu, une personne sur quatre est diabétique. Quant aux maladies rénales, leur prévalence nationale avoisine les 5 %. Un taux qui peut sembler faible, mais dont la gravité est extrême. « Une fois la maladie rénale chronique installée, les options sont limitées. Le patient n’a souvent d’autre choix que la dialyse ou la transplantation rénale, une pratique qui vient à peine de démarrer au Sénégal », souligne Cheikh Niang.

Les attentes de cette deuxième phase sont donc claires : inverser la tendance. Pour y parvenir, les structures sanitaires clés du département, notamment les services de néphrologie de l’hôpital Dalal Jamm et les prestations de soins du district sanitaire Roi Baudouin, devront recevoir les patients à un stade précoce (niveau 1) de la maladie. « Nous espérons enregistrer moins de patients aux stades 4 et 5, qui sont extrêmement difficiles à gérer, tant sur le plan médical qu’économique », insiste le manager du projet.

À travers cette extension du programme Healthy Heart Africa, Guédiawaye se positionne ainsi comme un laboratoire d’innovations sanitaires, avec l’ambition de démontrer qu’une prévention effic

ace et un dépistage précoce peuvent sauver des vies et soulager durablement les familles comme le système de santé. Une véritable révolution silencieuse dans la lutte contre les maladies chroniques,

Cheikh Tidiane MBENGUE

 

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