Dakar a accueilli pendant 72 heures, des experts en chimie venus de toute l’Afrique, pour se pencher sur les urgences qui frappent le continent en matière de santé, d’eau, de faim et d’énergie. Le Professeur Matar Seck, président du Comité d’organisation de ce 6ème congrès panafricain de la Chimie a choisi la tribune qui lui a été offerte pour interpeller directement les pouvoirs publics et décideurs avant de les inviter à s’investir davantage dans la Chimie qui est selon lui « le moteur principal du développement du continent Africain ».
« La Chimie comme moteur de développement du Continent Africain ».
Cette éloquente thématique d’actualité a réuni à Dakar du 19 au 21 novembre une centaine d’experts venant de différents pays du continent et d’ailleurs. Dès l’ouverture de ce 6ème congrès Africain de la Chimie, le Président du Comité d’organisation s’est épanché sur les urgences et défis du continent. Il a ainsi passé en revue les problématiques de l’insécurité alimentaire, l’accès limité de l’eau potable, les soins de santé inadéquats, les déficits énergétiques et la dégradation de l’environnement. Pour tous ces défis, le Professeur Matar Seck a préconisé la solution scientifique. «La Chimie détient la clé pour résoudre tous ces problèmes urgents et favoriser le développement durable du continent tout en améliorant la vie de millions de personnes ». Pour étayer ces propos, le Pr Seck a cité en exemple la solution par la chimie pour soulager les 250 millions d’Africains souffrant de faim. Il suffit selon lui de passer par les voies des innovations en chimie agricole, telles que les engrais écologiques, les amendements pour sols et les biopesticides durables. Ce qui va permettre selon l’universitaire d’améliorer les rendements des cultures et de réduire la faim. Mieux, ajoute-t-il, les progrès réalisés dans la conservation des aliments et la réduction des déchets profiteront davantage aux agriculteurs et aux communautés. Pour y arriver le spécialiste en chimie plaide la nécessité d’une forte collaboration entre gouvernements, industries et institutions de recherche.
La problématique de l’accès à l’eau potable reste également un défi majeur à en croire le Pr Seck qui renseigne que plus de 300 millions d’Africains en souffrent. Pour cette question, le professeur propose encore les solutions offertes par la chimie via la filtration avancée, le déssalement et la purification de l’eau. Il en appelle aussi à des efforts coordonnés entre les différents acteurs.
Quant aux 600 millions d’africains qui n’ont toujours pas accès à l’électricité, Pr Seck considère que »la chimie qui est au début et la fin de tout ce que nous vivons offre en outre des solutions avec la création des batteries durables, de l’énergie solaire et des biocarburants».
Les défis liés à la santé ne sont pas en reste face aux maladies comme le paludisme, le vih-Sida et la Covid…etc . Pour lutter contre ces endémies, les professionnels de la Chimie indiquent la nécessité des solutions locales adaptés aux besoins africains. Ce, «en faisant progresser la chimie pharmaceutique, en renforçant le partenariat et en adoptant la médecine traditionnelle. Ce qui va permettre à l’Afrique d’avoir un système de santé robuste et adapté aux besoins du continent».
Six thématiques sont ressorties du thème principal pour accéder à ces objectifs : Il s’agit de la Chimie verte, les matériaux durables de la chimie, chimie de l’eau et de l’environnement, l’électrochimie et la nanotechnologie.
La cérémonie de l’édition 2024 a été présidée par le Pr Aminata Niang Diène, Recteur de l’université Cheikh Anta Diop en présence du Pr Ehud Keinan Président de l’Union Internationale de Chimie Pure et Appliquée, Pr Gloria Obuzor présidente de la fédération africaine des sociétés de chimie Pr Modou Fall président du comité sénégalais pour la chimie.
Cheikh Tidiane MBENGUE