Longtemps perçus comme une pathologie touchant principalement les personnes âgées, les accidents vasculaires cérébraux (AVC) gagnent dangereusement du terrain chez les adultes jeunes. Au centre de santé Mame Abdou Aziz Sy Dabakh des Parcelles Assainies, le phénomène prend une ampleur alarmante.
Le médecin-chef, Dr Abdoulaye Senghor, a lancé un cri de cœur à l’issue d’une journée de dépistage et de sensibilisation organisée le week-end dernier par l’Alliance nationale de lutte contre les maladies non transmissibles. Selon lui, les cas d’AVC chez les 40-50 ans sont en nette progression, au point de devenir une véritable préoccupation sanitaire.
Le praticien souligne que plus de 3 100 cas de diabète et 2 000 hypertendus sont déjà suivis dans son établissement. « Les AVC touchent désormais beaucoup de sujets jeunes. Les cas se multiplient de façon inquiétante », avertit-il. Une tendance qui confirme les résultats de l’enquête STEPS 2024, révélant une prévalence de 16,1 % de la population — soit plus de 2,8 millions de personnes — atteinte de cette maladie non transmissible.
Des facteurs de risque qui explosent chez les jeunes
Selon le Dr Senghor, plusieurs comportements aggravent la situation : consommation excessive d’alcool, tabagisme, sédentarité, hypertension artérielle et diabète. « Ce sont les principaux facteurs de risque. Ils sont de plus en plus présents chez les jeunes, d’où cette explosion des AVC », explique-t-il.
Le centre de santé Mame Abdou, qui polarise les Parcelles Assainies, Cambérène, la Patte d’Oie et Grand-Yoff, est l’un des plus fréquentés du district nord. Il reçoit ainsi un grand nombre de jeunes en kinésithérapie et en rééducation post-AVC, interpellés et souvent choqués par leur état : « Pourquoi fait-on un AVC à 40 ans ? », s’interrogent-ils.
Hypertension et diabète : un duo meurtrier
Les données épidémiologiques du centre montrent qu’il enregistre le plus grand nombre d’hypertendus de la commune. « L’hypertension artérielle est la première maladie non transmissible que nous suivons, devant le diabète. Ce sont deux pathologies à l’origine de complications graves : AVC, infarctus du myocarde, amputations ou atteintes rénales. Les complications surviennent très vite, d’où l’importance du dépistage précoce », insiste le médecin-chef.
Le centre, qui supervise six postes de santé, suit actuellement plus de 3 100 diabétiques, présents chaque matin pour leur rendez-vous avec les diabétologues. Côté hypertension, plus de 2 000 patients sont recensés.
Cependant, un problème persiste : l’irrégularité des consultations. « Sur les 600 hypertendus que je dois suivre les mardis et jeudis, seuls 350 viennent régulièrement. Les autres sont considérés comme perdus de vue. Les secrétaires les relancent souvent pour les récupérer avant qu’il ne soit trop tard », regrette le Dr Senghor.
Cheikh Tidiane MBENGUE
