
Bouchez-vous les oreilles car les chiffres ont de quoi attirer les pouvoirs publics sur cette nouvelle drogue venue de la sous-région. Pour des questions sanitaires, économiques et sociales, l’État doit agir et faire face. Bon marché et accessible, le Kush, est actuellement très prisé. Pire, une classe entière versait dans un profond délire provoquant europhies collectives au point d’attirer l’Ambassade de France au Sénégal. Cette nouvelle drogue a fait l’objet d’un débat hier à l’hôpital de Fann. C’était à l’occasion de la 38ème édition de la Semaine nationale de sensibilisation et de mobilisation contre les drogues.
Le groupe d’études sur les nouvelles drogues dirigé par le Dr Karim Diop, directeur du Centre Régional de Recherche et de Formation à la Prise en Charge Clinique de Fann, du Dr Ibrahima Ndiaye, Dr Khoudia Sow, Dr Rose André Faye (anthropologues) entouré par des personnes venues d’horizons divers ont tenu à apporter leurs témoignages et surtout lancer la grande alerte face à ces nouvelles drogues qui menacent les populations auxquelles les autorités doivent y faire face.
En ayant plus d’attention aux frontières pour une drogue comme Kosh venue de la Sierra Léone et de la Guinée. Les patients venus pour leur prise en charge sont jeunes et c’est déjà l’addiction. Des décès sont signalés dans la foulée consécutive à des crises et divers symptômes. Le Pire, c’est le manque d’informations sur la composition de ce cocktail explosif. Dr Ibrahima Ndiaye, psychiatre dira qu’il s’agit ď une nouvelle drogue venue de la Sierra Leone avec un mélange de drogue et de produits toxiques. Les effets sont multiples avec la possibilité d’avaler sa langue, de l’étouffement, de la perte d’équilibre…Cela amène des lésions pulmonaires importantes.
Dr Khoudia Sow, ajoutera en substance qu’il s’agit de la première cause de mortalité chez les jeunes. Il y’ a l’aspect familial qui fait qu’on cache certaines choses tout en connaissant la réalité. Ce n’est pas pour rien que l’Ambassade de France au Sénégal a évoqué la question. Il y a aussi les soirées « Chemsex » et face à ce fléau, nous sommes impuissants sans le soutien des autorités. Il semblerait que la recette soit connue, il est donc possible d’en faire des productions à grande échelle..
Dr Rose André Faye, anthropologue a estimé qu’il est urgent de voir les pays mutualiser leurs efforts dans la sensibilisation sur l’usage des drogues. La recherche est importante car il est important de savoir qui les consomme? Quelles catégories de la société utilisent ces drogues? Il s’y ajoute aussi la diversité des produits consommés car avant de connaître un produit, il faut le traiter, vérifier la toxicité et agir dans la prévention. Un investissement dans le domaine de la prévention est important et le groupe de travail est ouvert à tous, a conclu Dr Rose André Faye.
Dr Karim Diop a pour sa part appelé à un renforcement de la police scientifique compte tenu des enjeux de sécurité liés à la santé. Nous devons aussi grâce à une meilleure collaboration connaitre les signes lorsqu’ un patient arrive aux urgences.
Cheikh Diop, directeur du Centre Jacques Chirac sis à Thiaroye a pour sa part soutenu qu’il était temps de s’adapter aux langages des jeunes. La prise en charge est aléatoire, il faut donc agir en amont de sorte qu’il n’y ait pas addiction aux drogues. Il y a émergence des drogues de synthèse et on voit régulièrement des quantités interceptées par la marine dans les eaux territoriales. Le Sénégal subit les assauts des flux criminels. Il faut aussi lutter contre la surproduction de substances pharmaceutiques et chimiques.
Jeffrey Gawa, administrateur de Programme pour l’Afrique et le Moyen Orient de l’ ONUDC, lors de son intervention a appelé à bâtir une opacité naturelle et l’organisme Onusien peut jouer ce rôle. « Il faut renforcer les capacités des acteurs puisque il y a des achats en ligne pour des drogues reconnues. Il faut une alerte précoce pour stopper le kush aujourd hui ». Et le fonctionnaire Onusien de faire savoir que les jeunes mélangent les éléments pour créer des sensations, de nouvelles tendances.
Les nouvelles drogues entrent dans la sous-région
Une menace prise au sérieux par l’Orctris, structure de la police en charge des stupéfiants, de l’avis du Commissaire Fall qui s’est félicité de ce cadre d’échanges. Il y a un aspect moins répressif. Le kush est très nocif et plusieurs décès sont liés à cette drogue. Le phénomène migratoire est à l’origine de plusieurs saisies dans les zones aurifères avant d’arriver dans les centres urbains. On en trouve dans les gares, les marchés, les ports…
A noter enfin que l’ecstasy, le kush, cigarettes électroniques, gaz hilarants… sont utilisés dans les soirées privées par les travailleurs de sexe. Il est apparu entre 2018/ 2020.
Ibrahima DIOP